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Ici se résout un des paradoxes qui opposait de façon stérile le rôle de l’inné et de l’acquis chez l’homme. Ce qui s’élabore au cours de la période d’hominisation, c’est l’aptitude innée à acquérir et c’est le dispositif culturel d’intégration de l’acquis. Plus encore, c’est l’aptitude naturelle à la culture, et l’aptitude culturelle à développer la nature humaine.
 
SI j’avais suivi l’opinion des mes pères et de mes pairs je n’aurais rien fait de ce que j’ai fait.
 
De même qu'il faut de la souffrance pour connaître le bonheur, il faut de la prose pour qu'il y ait poésie.
 
La conscience n'est pas la lumière qui éclaire l'esprit et le monde, mais c'est la lueur ou le flash qui éclaire la brèche, l'incertitude, l'horizon.
 
Les beaux esprits se rencontrent.
 
Il s'agit de donner consistance à cette conscience autocritique de contrôle apte à examiner avec le moins de discontinuité possible nos comportements et nos pensées pour y reconnaître les pièges du mensonge à soi-même et de l'autojustification.
 
Les sciences humaines ne savent pas qu'elles sont inhumaines, non seulement à désintégrer ce qui est naturellement intégré, mais à ne retenir que le quantitatif et le déterministe.
 
Si nulle peinture n'achève la peinture, si même nulle œuvre ne s'achève absolument, chaque création change, altère, éclaire, approfondit, confirme, exalte, recrée ou crée d'avance toutes les autres.
 
Le passé est construit à partir du présent, qui sélectionne ce qui, à ses yeux, est historique, c'est-à-dire précisément ce qui, dans le passé, s'est développé pour produire le présent.
 
Lorsque Rimbaud dit:«Je finis par trouver sacré le désordre de mon esprit», il montre qu'il a compris qu'il y a dans le désordre quelque chose sans lequel la vie ne serait que platitude mécanique.
 
Il est donc sensé de penser que c'est le langage qui a créé l'homme, et non l'homme le langage, mais à condition d'ajouter que l'hominien a créé le langage.
 
Mais la culture est indispensabe pour produire de l'homme, c'est-à-dire un individu hautement complexe dans une société hautement complexe, à partir d'un bipède nu dont la tête va s'enfler de plus en plus.
 
Il n'est jamais trop tard pour devenir ce que nous aurions pu être.
 
Il est à propos que le peuple soit guidé, et non pas qu'il soit instruit; il n'est pas digne de l'être.
 
Contrairement à la croyance reçue, il y a moins de désordre dans la nature que dans l'humanité.
 
Ce qui définit la majorité c’est un modèle auquel il faut être conforme. Tandis qu’une minorité n’a pas de modèles, c’est un devenir, un processus. Lorsqu’une minorité crée des modèles, c’est qu’elle veut être majoritaire ou qu’elle est contrainte de se doter d’un « modèle » nécessaire à sa survie (« avoir un statut »).
 
Castoriadis a dit: «L'homme est cet animal fou dont la folie a inventé la raison.»
 
... les déviants heureux transforment en déviants ceux dont ils étaient les déviants.
 
Si philosopher est découvrir le sens premier de l'être, on ne philosophe donc pas en quittant la situation humaine: il faut, au contraire, s'y enfoncer.
 
Tout développement vraiment humain signifie développement conjoint des autonomies individuelles, des participations communautaires et du sentiment d'appartenance à l'espèce humaine.
 
La vie n'a pas de sens, mais la poésie donne sens à nos vies.
 
Est-il possible de faire avec la multitude une collectivité d'hommes libres au lieu d'un rassemblement d'esclaves ?
 
.... la riposte à l'angoisse est la communion, la communauté, l'amour, la participation, la poésie, le jeu...
 
Le paradoxe est le suivant ; nous sommes à un moment où tout est en interrelation dans le monde et il n'y a aucune conscience pertinente qui soit valable, si elle n'a pas au moins le monde comme horizon, pour tous les grands problèmes.
 
Société et individualité ne sont pas deux réalités séparées s'ajustant l'une à l'autre, mais il y a un ambi-système où complémentairement et contradictoirement individu et société sont constitutifs l'un de l'autre tout en se parasitant l'un l'autre.
 
Prix Nobel, Collège de France, Sorbonne, prix Goncourt ne préservent pas de la débilité politique.
 
Il faut constater que le pouvoir produit du savoir ; que pouvoir et savoir s’impliquent directement l’un l’autre ; qu’il n’y a pas de relations de pouvoir sans constitution corrélative d’un champ de savoir, ni de savoir qui ne suppose et ne constitue en même temps des relations de pouvoir.
 
Il ne s'agit pas de détruire, il s'agit de relier.
 
Un proverbe turc dit: «Les nuits sont enceintes et nul ne connaît le jour qui naîtra.»
 
La cause fondamentale du désordre en nous-mêmes est cette recherche d'une réalité promise par autrui. Nous obéissons mécaniquement à celui qui nous promet une vie spirituelle confortable. Alors que la plupart d'entre nous sont opposés à la tyrannie politique et à la dictature, c'est extraordinaire à quel point nous acceptons l'autorité et la tyrannie de ceux qui déforment nos esprits et qui faussent notre mode de vie.
 
La démence est la rançon de la sapience.
 
... toute théorie, y compris scientifique, ne peut épuiser le réel, et enfermer son objet dans ses paradigmes.
 
Le monde est affectivement neutre.
 
Mi rendo condo che sono completamente nutrito di esperienze e convinzioni che gli altri non hanno condiviso. Ed è difficile per me far capire agli altri convinzioni che mi sembrano naturali. È una sfida di tutti i giorni.
 
La société consommatrice... ne peut donner à la fois la sécurité et le risque, elle retire l'aventure en donnant les pantoufles. Elle retire la chair en donnant l'image.
 
Je mourrai bientôt, et ce sera en détestant le pays des singes et des tigres, où la folie de ma mère me fit naître il y a bientôt soixante et treize ans.
 
Il n'y a que du désir et du social, et rien d'autre.
 
C'est a travers les mots, entre les mots, qu'on voit et qu'on entend.
 
Les séparations, au lieu de s'effectuer dans la compréhension de l'évolution du partenaire, se font souvent dans les pires incompréhensions.
 
Nous aurons à réapprendre à voir, à concevoir, à penser, à agir. Nous ne connaissons pas le chemin, mais nous savons que le chemin se fait dans la marche.
 
... une société s'autoproduit sans cesse parce qu'elle s'autodétruit sans cesse.
 
Si vous allez trop loin, vous n'irez nulle part.
 
Le mieux est l’ennemi du bien.
 
Dans le recours aux pratiques orientales... que finit-on tout de même par apprendre? Une certaine distanciation à l'égard de soi-même qu'est le fameux "lâcher prise", un effort pour se désagripper de ce que l'on veut tenir compulsivement dans les mains. C'est également la pratique d'une méditation qui consiste à faire le vide ou le silence en soi. C'est une pratique différente de notre méditation occidentale, qui consiste à réfléchir sur quelque chose, à faire par l'esprit ce que font les différents estomacs de la vache (ruminer, reprendre, transformer).
 
L'histoire n'est rien d'autre que le lien aléatoire, complémentaire, concurrent et antagoniste, entre désordre et procès de complexification.
 
Un esprit torturé, dont les ressorts sont brises, qui n'aspire plus qu'à échapper aux difficultés de la vie, qui a rejeté le monde extérieur parce que des disciplines et des conformismes l'ont abêti — un tel esprit, chercherait-il longtemps, ne trouverait jamais que l'image de sa propre déformation.
 
L'incapacité d'organiser le savoir épars et compartimenté condiuit à l'atrophie de la disposition mentale naturelle à contextualiser et à globaliser.
 
L'improbable s'est très souvent produit dans l'Histoire. Athènes, petite bourgade minable, a deux fois résisté à l'énorme empire perse et, grâce à cette résistance, la philosophie et la démocratie sont nées.
 
... la culture, en tant que système génératif, constitue un quasi-code culturel, c'est-à-dire une sorte d'équivalent sociologique de ce qu'est le code génétique pour les êtres vivants.
 
L'homme sait enfin qu'il est seul dans l'immensité indifférente de l'univers d'où il a émergé par hasard. Non plus que son destin, son devoir n'est écrit nulle part.
 
Du reste, le mot élucider devient dangereux si l'on croit que l'on peut faire en toutes choses toute la lumière. Je crois que l'élucidation éclaire, mais en même temps révèle ce qui résiste à la lumière, détecte un fond obscur.
 
En chacun de nous, il y a comme une ascèse, une partie dirigée contre nous-mêmes. Nous sommes des déserts, mais peuplés de tribus, de faunes et de flores. (...) Et toutes ces peuplades, toutes ces foules, n'empêchent pas le désert, qui est notre ascèse même, au contraire elles l'habitent, elles passent par lui, sur lui. (...) Le désert, l'expérimentation sur soi-même, est notre seule identité, notre chance unique pour toutes les combinaisons qui nous habitent.
 
Je cherche à comprendre.
 
L'intelligence, ce n'est pas seulement ce que mesurent les tests, c'est aussi ce qui leur échappe.
 
Le langage n'est même pas fait pour être cru, mais pour obéir et faire obéir (...) on s'en aperçoit dans les communiqués de police ou de gouvernement, qui se soucient peu de vraisemblance ou de véracité, mais qui disent très bien ce qui doit être observé et retenu.
 
De l'homme à l'homme vrai,le chemin passe par l'homme fou.
 
A ceux seuls qui sont exclus du jeu social vient l’idée de poser une question sur les limites de la nature humaine.
 
… la crise d'une pensée politique aveugle qui, soumise à un crétinisme économiste qui dégrade tous les problèmes politiques en questions de marchés, est incapable de formuler aucun grand dessein.
 
Si les créations ne sont pas un acquis, ce n'est pas seulement que comme toutes choses, elles passent, c'est aussi qu'elles ont presque toute leur vie devant elles.
 
On ne peut désirer ce qu'on ne connaît pas.
 
J'écris pour me changer moi-même et ne plus penser la même chose qu'auparavant.
 
Dans la perception nous ne pensons pas l'objet et nous ne nous pensons pas le pensant, nous sommes à l'objet et nous nous confondons avec ce corps qui en sait plus que nous sur le monde, sur les motifs et les moyens qu'on a d'en faire la synthèse.
 
Il n'est pas aisé de détruire un idole : cela requiert autant de temps qu'il en faut pour la promouvoir et l'adorer. Car il ne suffit pas d'anéantir son symbole matériel, ce qui est simple ; mais ses racines dans l’âme.
 
Le monde des intellectuels, qui devrait être le plus compréhensif, est un monde gangrené par l'incompréhension, par l'hypertrophie de l'ego, le besoin de consécration, et la soif de gloire.
 
Une idée forte communique un peu de sa force au contradicteur.
 
Il ne suffit plus de dénoncer. Il nous faut désormais énoncer. Il ne suffit pas de rappeler l'urgence. Il faut aussi savoir commencer, et commencer par définir les voies susceptibles de conduire à la Voie.
 
Ce n'est pas seulement notre ignorance, c'est notre connaissance qui nous aveugle.
 
Quelle est la différence entre les maladies de l'âme et les affects? Je l'ai souvent indiquée, mais la rappellerai ici encore. Les maladies de l'âme sont les vices invétérés, endurcis, comme l'avarice, comme l'ambition. Ces vices enserrent l'âme dans leurs replis et passent à l'état de maux permanents. Pour en donner une définition brève, la maladie de l'âme consiste dans une perversion opiniâtre du jugement, qui porte à croire vivement désirable ce qui ne l'est que médiocrement; c'est, si tu préfères une autre définition, convoiter avec excès des choses à rechercher sans insistance ou à ne rechercher en aucune façon; c'est avoir en singulière estime ce qui ne vaut que peu d'estime ou point du tout. Les affects sont des mouvements de l'âme injustifiables, soudains, impétueux qui, répétés et négligés, font les maladies, de même qu'un catarrhe simple et accidentel produit la toux ; continu et chronique, la phtisie. Ainsi, les âmes qui ont fait le plus de progrès échappent aux prises de la maladie; elles ressentent encore des affects, si près qu'elles soient de l'état parfait.
 
La neutralité ne veut rien dire. La neutralité, ce sont les signes auxquels on s'est habitués.
 
L'excès de sagesse devient fou, la sagesse n'évite la folie qu'en se mêlant à la folie de la poésie et de l'amour.
 
Deux barbaries sont plus que jamais alliées. La barbarie venue du fond des âges historiques qui mutile, détruit, torture, massacre, et la barbarie froide et glacée de l’hégémonie du calcul, du quantitatif, de la technique sur les sociétés et les vies humaines.
 
Tout est incroyable;... Ma conscience s'étonne que je sois un être physique, une machine, un automate, un possédé, et elle s'étonne d'être consciente dans tant d'inconscience.
 
La philosophie n'est pas une illusion: elle est l'algèbre de l'histoire.
 
Le monde est iniquité ; si tu l'acceptes tu es complice, si tu le changes, tu es bourreau.
 
La violence est ce qui ne parle pas.
 
Même si je voulais me connaître totalement, je sais en vertu du principe de Tarsky selon lequel aucun système ne peut donner de lui-même une explication exhaustive, qu'il y a une part d'inexplicable de moi-même à moi-même.
 
La réforme de pensée dépend de la réforme de l'éducation, mais celle ci dépend aussi d'une réforme de pensée préliminaire, ce sont deux réformes maitresses en boucle récursive l'une productrice/produit de la réforme de l'autre, et indispensable pour la réforme de la pensée politique laquelle commandera les réformes sociales, économiques, etc. En meme temps la réforme de vie est cruciale, en relation de boucle avec réforme de l'alimentation, de la consommation, de l'habitat, des loisirs/vacances. Ces trois méta-réformes permettent de concevoir la solidarité de toutes les réformes, lesquelles les nourriront...
 
... l'excellent anthropologue William Shakespeare.
 
Le sujet humain est égocentrique, dans le sens où il s'autoaffirme en se mettant au centre de son monde. Mais, dans son "je", il inclut un "toi" et un "nous", et il est capable d'inclure son "je" dans un "toi" et un "nous".
 
Toute réflexion sur l'avenir nous apporte, plutôt que des certitudes en réponse à nos incertitudes d'avenir, des incertitudes en réponse à nos certitudes présentes.
 
Je me rends bien compte que je suis complètement nourri d’expériences et de convictions que d’autres n’ont pas partagées. Et c’est long et difficile pour moi de faire partager des convictions qui me semblent naturelles. C’est un défi de tous les jours.
 
On n'est pas vraiment libre si on est incapable d'agir sur soi-même.
 
Être de gauche c’est d’abord penser le monde, puis son pays, puis ses proches, puis soi ; être de droite c’est l’inverse.
 
J'ai décidé d'être heureux car c'est bon pour la santé.
 
Un autre univers, né dans dans des conditions différentes obéirait à d'autres lois.
 
... la cohérence pure, c'est du délire, c'est du délire abstrait.
 
Personne n'est aussi vide que celui qui n'est rempli que de lui même.
 
Certains […] tuent et acceptent de mourir pour que, dans l’immobilité mortelle, quelque chose arrive, se mette à vivre, à bouger, à questionner, à déranger.
 
Chacun appelle "idées claires" celles qui sont au même degré de confusion que les siennes propres.
 
L'existence précède l'essence.
 
On introduit une morale, mais en parole. Or, c'est par l'exemple que la morale se communique...
 
La glace m'avait appris ce que je savais depuis toujours : j'étais horriblement naturel. Je ne m'en suis jamais remis.
 
Aucun livre contre quoi que ce soit n'a jamais d'importance ; seuls comptent les livres "pour" quelque chose de nouveau, et qui savent le produire.
 
La tolérance comporte une souffrance à supporter l'expression d'idées, selon nous, néfastes, et une volonté d'assumer cette souffrance.
 
Quand je discute avec les scientifiques, ils me font peur : au nom de leur liberté dans leur univers de spécialisation, ils défendent souvent une éthique de la circonstance et non une éthique du projet.
 
Comme on le sait, le dernier continent inconnu à l'homme est l'homme, et le centre de ce continent, le cerveau, nous est non seulement inconnu, mais encore incompréhensible.
 
Il faut être léger comme l'oiseau, et non comme la plume.
 
La vraie philosophie est de rapprendre à voir le monde, et en ce sens une histoire racontée peut signifier le monde avec autant de profondeur qu'un traité de philosophie.
 
Les sciences humaines ignorent l'humain biologique, en font une entité sans corps et sans vie.
 
Il y a dans notre société carence d'empathie, de sympathie et de compassion, laquelle se traduit par l'indifférence, l'absence de courtoisie entre personnes habitant souvent un même quartier, un même immeuble, alors que dire bonjour à l'inconnu de rencontre signifie qu'on le reconnaît en tant qu'humain digne de sympathie...
 
Avec la civilisation, on passe du problème de l'homme des cavernes au problème des carvernes de l'homme.
 
L'humanité a de multiples naissances, avant sapiens, avec sapiens, après sapiens, et peut-être promet une nouvelle naissance après nous.
 
Je suis un droitier gauchiste?: droitier parce que j’ai un sens très aigu du respect des libertés, mais en même temps gauchiste, dans le sens où j’ai la conviction que notre société requiert des transformations profondes et radicales. Je suis devenu un conservateur révolutionnaire. Il faut tout révolutionner, mais en conservant les trésors de notre culture.
 
Les développements de la science, de la technique, de l’industrie, de l’économie qui propulsent désormais le vaisseau spatial Terre, ne sont régulés ni par la politique, ni par l’éthique, ni par la pensée.
 
On doit échapper à l'alternative du dehors et du dedans : il faut être aux frontières. La critique, c'est l'analyse des limites et la réflexion sur elles.
 
Tout être humain a un besoin fondamental d'être reconnu. C'est un besoin primaire que l'on retroue aussi bien dans les problèmes de gamins de banlieue que chez tous les dominés et les humiliés, chez les palestiniens...Il faut donc introduire de la reconnaissance.
 
Le philosophe se reconnaît à ce qu'il a inséparablement le goût de l'évidence et le sens de l'ambiguïté.
 
Pousser la raison à ses limites aboutit au délire.
 
Si nous savons comprendre avant de condamner, nous serons sur la voie de l'humanisation des relations humaines.
 
Il n'y a pas de psychologie physiologique autonome parce que l'événement physiologique lui-même obéit à des lois biologiques et psychologiques.
 
La connaissance est la voie nécessaire pour arriver à la docte ignorance, celle qui se connaît comme ignorance à partir de sa science, celle qui frémit aux frontières de l'indicible, de l'impensable et où l'invisible nous arrose alors de ses rayons.
 
Quoi qu'en pensent certains révolutionnaires, le désir est dans son essence révolutionnaire -- le désir, pas la fête ! -- et aucune société ne peut supporter une position de désir vrai sans que ses structures d'exploitation, d'asservissement et de hiérarchie ne soient compromises.
 
Lorsque nous rencontrons un corps extérieur qui ne convient pas avec le nôtre, tout se passe comme si la puissance de ce corps s'opposait à notre puissance, opérant une soustraction : on dit que notre puissance d'agir est diminuée et que les passions correspondantes sont de tristesse. Au contraire, lorsque nous rencontrons un corps qui convient à notre nature, on dirait que sa puissance s'additionne à la nôtre : les passions qui nous affectent sont de joie, notre puissance est augmentée ou aidée.
 
... Le langage réalise en brisant le silence ce que le silence voulait et n'obtenait pas.
 
L'âme est la prison du corps.
 
Nous ne sommes pas uniquement responsables de ce que nous faisons, mais également de ce que nous ne faisons pas.
 
... enseigner la compréhension entre les humains est la condition et le garant de la solidarité intellectuelle et morale de l'humanité.
 
En somme, il n'y a pas d'humanité sans résistance, et d'abord au mal qui nous habite. C'est le sens spirituel de la notion de jihad, qui signifie littéralement effort, mais qui est en fait un double mouvement de résistance au mal en soi et de réforme de soi vers le bien. Cela n'a rien à voir avec la guerre sainte, mais avec le chemin de l'humanisation et de la paix, car l'humain est humain par sa lutte contre sa part d'ombre.
 
Le destin nous suit comme un dément armé d’un rasoir. Tarkovski.
 
Avoir une idée, c'est une espèce de fête.
 
L'amour véritable considère l'être aimé comme égal et libre.
 
Je dirais que même la science produit de la poésie. Elles a déchiré aujourd'hui le voile d'un univers terriblement mécanique et monotone, qui était un univers purement ordonné, obéissant à des lois qui se répétaient sans cesse. Un univers qui commence par un coup de tonnerre, par un éclair fulgurant, c'est beaucoup plus beau que la Genèse. (..) Je trouve que l'histoire de l'univers est redevenue totalement fabuleuse, avec cette vertu d'être poétique, c'est-à-dire que la création y est mêlée à nouveau à son contraire, la destruction.
 
Comme disait Valery, avec l'histoire, on peut tout prouver...tout et son contraire.
 
Pour être tout à fait homme, il faut être un peu plus et un peu moins qu'homme.
 
L'homme est fou-sage.
 
Pour rêver, il ne faut pas fermer les yeux, il faut lire.
 
En fait, l'incompréhension de soi est une source très importante de l'incompréhension d'autrui. On se masque à soi-même ses carences et faiblesses, ce qui rend impitoyable pour les carences et faiblesses d'autrui.
 
Je n'ai cessé d'osciller entre la négation nihiliste et l'enthousiasme humaniste, de chercher du sens et de douter du sens. J'ai été sensible à la pitié et non à la piété.
 
Quiconque croit qu'une croissance exponentielle peut durer toujours dans un monde fini est ou un fou, ou un économiste.
 
L'énigme tient en ceci que mon corps est à la fois voyant et visible.
 
Qu'y a-t-il à l'origine des grandes inventions ? Des rêves!
 
On enseigne pas les risques d'illusion et d'erreur que comporte toute connaissance. On enseigne pas ce que nous sommes; on n'enseigne pas vraiment ce qu'est cette mondialisation que nous subissons, on enseigne pas à comprendre les autres; on n'enseigne pas à affonter l'incertitude.
 
Quand j'exprime ce que je crois, je me sens possédé par une Volonté et une Pensée à la fois supérieure, extérieure et intérieure à moi.
 
Les hommes ont crée des dieux, ils sont nés de nos esprits, et pourtant, à peine nés, nous les supplions, nous les adorons, nous leur léchons le cul et nous tuons s'ils nous demandent de tuer. C'est ça l'humanité ! C'est une chose bizarre.
 
Il faut passer de la conquête si dure de certitudes à la connivence encore plus dure avec l'incertitude.
 
Le message politique du poète est de dépasser la politique.
 
Accepter que la vie ne soit pas justifiée, c'est accepter vraiment la vie.
 
Les sociétés humaines, et singulièrement nos sociétés historiques, ont introduit au coeur de la relation entre humains l'opposition dramatique du "maître et de l'esclave", c'est-à-dire l'asservissement, l'exploitation, l'assujettissement de l'homme par l'homme, et elles nous posent un problème inconnu en ces termes dans le règne vivant et dans toute autre société : celui de l'émancipation au sein et à l'égard de sa propre société, y compris par et dans la transformation de cette société.
 
Le système de l'égalité m'a toujours paru l'orgueil d'un fou.
 
Je sens présente en moi l'humanité dont je fais partie. Non seulement, je suis une une petite partie dans le tout, mais le tout est à l'intérieur de moi-même. C'est peut-être cela qui me donne l'énergie de continuer sur la voie qui est la mienne. Et à un moment donné, sans que vous ne sachiez pourquoi, c'est comme une catalyse, quelque chose qui se passe, se transforme, bascule... C'est cela l'espoir.
 
On ne peut être juste tout seul, à l'être tout seul on cesse de l'être.
 
Si vous n'allez pas aux funérailles des gens, ils ne viendront pas aux vôtres.
 
Le pardon est un acte de confiance.
 
Un film ne se pense pas, il se perçoit.
 
Philosopher, c'est chercher, c'est impliquer qu'il y a des choses à voir et à dire. Or, aujourd'hui, on ne cherche guère. On «revient» à l'une ou l'autre des traditions, on la «défend».
 
Ce qui anime cette recherche, c'est l'horreur de la pensée mutilée/mutilante, c'est le refus de la connaissance atomisée, parcellaire et réductrice, c'est la revendication vitale du droit à la réflexion. C'est la conscience que ce qui nous fait le plus défaut est, non la connaissance de ce que nous ignorons, mais l'aptitude à penser ce que nous savons. C'est enfin et surtout la volonté de substituer à l'euphorie d'une connaissance incapable de se connaitre elle-même la recherche inquiète de la connaissance de la connaissance.
 
Il faut toujours que ce qui est grand soit attaqué par les petits esprits.
 
Ce qu’il y a de scandaleux dans le scandale, c’est qu’on s’y habitue.
 
L’occidentalo-centrisme nous situe sur le trône de la rationalisation et nous donne l’illusion d’être dans l’universel.
Ainsi, ce n’est pas seulement notre ignorance, c’est aussi notre connaissance qui nous aveugle.
 
Nous ne trouvons jamais dans les paroles des autres que ce que nous y mettons nous-mêmes, la communication est une apparence.
 
C'est toujours par autrui que passe mon désir, et que mon désir reçoit un objet. Je ne désire rien qui ne soit vu, pensé, possédé par un autrui possible.
 
En cette perpétuelle bataille que l'on appelle vivre, on cherche à établir un code de comportement adapté à la société, communiste ou prétendument libre, dans laquelle on a été élevé.
Nous obéissons à certaines règles de conduite, en tant qu'elles sont parties intégrantes de notre tradition, hindoue, islamique, chrétienne ou autre. Nous avons recours à autrui pour distinguer la bonne et la mauvaise façon d'agir, la bonne et la mauvaise façon de penser. En nous y conformant, notre action et notre pensée deviennent mécaniques, nos réactions deviennent automatiques. Nous pouvons facilement le constater en nous-mêmes.
Depuis des siècles, nous nous faisons alimenter par nos maîtres, par nos autorités, par nos livres, par nos saints, leur demandant de nous révéler tout ce qui existe au-delà des collines, au-delà des montagnes, audelà de la Terre. Si leurs récits nous satisfont, c'est que nous vivons de mots et que notre vie est creuse et vide : une vie, pour ainsi dire de « seconde main ». Nous avons vécu de ce que l'on nous a dit, soit à cause de nos tendances, de nos inclinations, soit parce que les circonstances et le milieu nous y ont contraints. Ainsi, nous sommes la résultante de toutes sortes d'influences et il n'y a rien de neuf en nous, rien que nous ayons découvert par nous-mêmes, rien d'originel, de non corrompu, de clair.
 
Rien ne s'obtient sans computation, même la plus extraordinaire des intuitions.
 
La situation est paradoxale sur notre Terre. Les interdépendances se sont multipliées. La communication triomphe, la planète est traversée par des réseaux, fax, téléphones portables, modems, Internet. La conscience d'être solidaires dans leur vie et dans leur mort devrait lier désormais les humains les uns aux autres. Et pourtant, l'incompréhension demeure générale. Il y a certes de grands et multiples progrès de la compréhension, mais les progrès de l'incompréhension semblent encore plus grands.
 
Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux.
 
Ce monde est condamné au hasard, à vivre au hasard, il s'organise pour supporter le hasard.
 
Le tourbillon destructeur de l'histoire, en balayant à tous vents les cultures en miettes, disperse aussi des spores.
 
Nous demandons seulement un peu d’ordre pour nous protéger du chaos. Rien n’est plus douloureux, plus angoissant qu’une pensée qui s’échappe à elle-même, des idées qui fuient, qui disparaissent à peine ébauchées,… Nous perdons sans cesse nos idées. C’est pourquoi nous voulons tant nous accrocher à des opinions arrêtées… Mais l’art, la science, la philosophie exigent davantage : ils tirent des plans sur le chaos. Ces trois disciplines ne sont pas comme les religions qui invoquent des dynasties de dieux, ou l’épiphanie d’un seul dieu pour peindre sur l’ombrelle un firmament d’où dériveraient nos opinions. La philosophie, la science et l’art veulent que nous déchirions le firmament et que nous plongions dans le chaos. Nous ne le vaincrons qu’à ce prix.
 
Le langage humain ne répond pas seulement à des besoins pratiques et utilitaires. Il répond aux besoins de communication affective. Il permet également de parler pour parler, de dire n'importe quoi pour le plaisir de communiquer avec autrui.
 
La vie n'a pas d'autre sens qu'elle-même.
 
Le jour où l’humanité mourra, les dieux mourront.
 
Ce qui sépare et ce qui relie sont nés ensemble à l'origine de notre univers.
 
Comme la nervure porte la feuille du dedans, du fond de sa chair, les idées sont la texture de l'expérience ...
 
La pensée, on l'oublie trop souvent, est un art, c'est-à-dire un jeu de précision et d'imprécision, de flou et de rigueur.
 
... je crois profondément que, dans toute foi, il y a un doute, profond, plus ou moins refoulé.
 
Jamais dans le réel la forme perçue n’est parfaite, il y a toujours du bougé, des bavures et comme un excès de matière.
 
Tout ce qui ne régénère pas dégénère.
 
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