Dans le contexte où l’amour est utilisé on peut aussi bien choisir celui de la haine. Il y a autant d’amour dans la haine qu’il y a de haine dans l’amour.
Le langage humain ne répond pas seulement à des besoins pratiques et utilitaires. Il répond aux besoins de communication affective. Il permet également de parler pour parler, de dire n'importe quoi pour le plaisir de communiquer avec autrui.
On ne se défait d’un puritanisme, dans le monde moderne, que pour tomber dans un autre. Ce n’est plus de la sexualité qu’on veut priver les hommes, mais de quelque chose dont ils ont plus besoin encore, le sens. L’homme ne vit pas seulement de pain et de sexualité. La pensée actuelle, c’est la castration suprême, puisque c’est la castration du signifié. Tout le monde est là à surveiller son voisin pour le surprendre en flagrant délit de croyance en quoi que ce soit ; nous n’avons lutté contre les puritanismes de nos pères que pour tomber dans un puritanisme bien pire que le leur, le puritanisme de la signification qui tue tout ce qu’il touche autour de lui ; il dessèche tous les textes, il répand partout l’ennui le plus morne au sein même de l’inouï. Derrière son apparence faussement sereine et désinvolte, c’est le désert qu’il propage autour de lui.
Au lieu de participer à une entreprise de libération effective, la psychanalyse prend part à l'œuvre de répression bourgeoise la plus générale, celle qui a consisté à maintenir l'humanité européenne sous le joug de papa-maman, et à ne pas en finir avec ce problème-là.
L'amour est un risque terrible car ce n'est pas seulement soi que l'on engage. On engage la personne aimée, on engage aussi ceux qui nous aiment sans qu'on les aime, et ceux qui l'aiment sans qu'elle les aime.
Enseigner sans imposer, donner le goût de jouer à la vie, c'est-à-dire à comprendre puis à découvrir le monde, est sans doute le seul moyen de faire disparaître l'injustice sociale. Montrer les faits sans les déformer, sans leur adjoindre un jugement de valeur, les faits nus, non revêtus par l'épais manteau moralisateur, ne pas surtout présenter la solution temporaire adoptée par une société comme si cette solution était elle-même un fait, un fait indiscutable, alors qu'elle n'est que le camouflage du problème qui pourrait être résolu plus efficacement de façon différente.
Je pense qu'il y a une différence entre l'être humain et l'individu. L'individu est une entité locale, qui vit dans tel pays, qui appartient à telle culture, à telle société, à telle religion. L'être humain n'est pas une entité locale. Il est partout. Si l'individu n'agit que dans un coin du vaste champ de la vie, son action n'aura aucun lien avec la totalité. Veuillez donc tenir présent à l'esprit que ce dont nous parlons est la totalité, non la partie, car dans le plus grand est le plus petit, mais dans le plus petit, le plus grand n'est pas. L'individu est cette petite entité, conditionnée, misérable et frustrée, que satisfont ses petits dieux et ses petites traditions, tandis que l'être humain se sent responsable du bien-être total, de la totale misère et de la totale confusion du monde.
Le bonheur est-il cet objectif suprême que nous devrions tous nous efforcer d'atteindre ? Peut-être. Cela n'empêche en rien de garder une distance critique par rapport au discours tenu par les prosélytites de la science du bonheur.
(En parlant de Hegel) - ... lorsqu'on lui demandait ce qu'était la philosophie, il répondait à peu près «La philosophie, c'est le gagne-pain des professeurs de philosophie.»