L'homme raisonnable s'adapte au monde; l'homme déraisonnable persiste à vouloir adapter le monde à lui-même. C'est pourquoi le progrès ne peut venir que de ce dernier.
Je pense qu'il faut effectivement cesser de voir l'humanité comme quelque chose de donné, de fixé, mais plutôt comme le produit d'un devenir toujours très ambivalent...
L’occidentalo-centrisme nous situe sur le trône de la rationalisation et nous donne l’illusion d’être dans l’universel. Ainsi, ce n’est pas seulement notre ignorance, c’est aussi notre connaissance qui nous aveugle.
Où se situe l’amour dans ce schéma ? Décrire l’amour comme la dépendance du système nerveux à l’égard de l’action gratifiante réalisée grâce à la présence d’un autre être dans notre espace, est sans doute objectivement vrai. Inversement, la haine ne prend-elle pas se naissance quand l’autre cesse de nous gratifier, ou que l’on s’empare de l’objet de nos désirs, ou que l’on s’insinue dans notre espace gratifiant et que d’autres se gratifient avec l’être ou l’objet de notre gratification antérieure ?
Il y a dans notre société carence d'empathie, de sympathie et de compassion, laquelle se traduit par l'indifférence, l'absence de courtoisie entre personnes habitant souvent un même quartier, un même immeuble, alors que dire bonjour à l'inconnu de rencontre signifie qu'on le reconnaît en tant qu'humain digne de sympathie...
Quels que soient la complexité et le niveau d'organisation auxquels ils se situent, quatre-vingt-dix-neuf pour cent de nos comportements sont faits de ces automatismes acquis tant dans notre vie professionnelle que familiale. Le rôle de la vie sociale est essentiellement de créer de tels automatismes. Un comportement aléatoire, imprévisible, ne permettrait pas à un individu de survivre dans un ensemble social. Exprimer cette notion, c'est donc exprimer aussi celle que la vie sociale a tendance à rechercher l'inconscience généralisée des individus, à favoriser leur comportement réflexe.
Ici se résout un des paradoxes qui opposait de façon stérile le rôle de l’inné et de l’acquis chez l’homme. Ce qui s’élabore au cours de la période d’hominisation, c’est l’aptitude innée à acquérir et c’est le dispositif culturel d’intégration de l’acquis. Plus encore, c’est l’aptitude naturelle à la culture, et l’aptitude culturelle à développer la nature humaine.
On dit fréquemment la violence "irrationnelle". Elle ne manque pourtant pas de raisons : elle sait même en trouver de fort bonnes quand elle a envie de se déchaîner.